Hobak - Boys Love
Taehyeon, leader de la plus puissante organisation criminelle de sa région, croise lors d’une soirée la route de Jaehui, jeune homme à la présence magnétique. Leur première rencontre débouche sur un moment des plus enflammés. Mais là où Jaehui considère … plus
Le monde s’est effondré. Pas avec le scénario dramatique d’une chute brutale de la population, d’une famine ou d’une épidémie, comme on aurait pu s’y attendre. Non, c’est la société elle-même qui s’est lentement gangrenée, succombant à une lente agonie.
La police et l’armée ne pouvaient plus protéger les habitants et les frontières perdirent tout leur sens. L’État, corrompu, vit le contrôle qu’il exerçait s’affaiblir et le peuple dut progressivement s’habituer à vivre ainsi. Des règles furent établies à la place des lois et cette nouvelle société n’eut pas d’autre choix que de s’y adapter.
Comme dans certains jeux vidéo, des organisations criminelles prirent les rênes des villes où drogues et crimes furent bientôt la nouvelle mode. Ceux qui ne participaient pas à cet univers menaient une vie bien banale.
Mais le monde est tout de même tombé en ruine, pensa Jaehui.
Apercevoir des drogués couchés dans les rues au milieu de personnes ordinaires semblant mener une vie honnête – même si elle était tout sauf honnête à y regarder de plus près – le confortait dans son idée.
Ordinaires ? Il n’y avait que les organisations criminelles qui l’étaient. La société humaine finirait par pourrir et disparaître. Ce nouveau monde poussa les riches à se rassembler et à convoiter un pouvoir bien plus grand, c’était la preuve même de leur délire. Les gens étaient peu à peu gagnés par la folie et marchaient sur les cadavres qui jonchaient les rues délabrées.
Jaehui vivait dans la zone Seohan, autrefois appelée Corée du Sud. Contrairement à avant, le concept d’État était devenu plus flou et les ethnies, ainsi que les langues, avaient perdu toute leur signification. Le nom des pays n’avait donc plus aucune importance.
Il avait les cheveux d’un noir de jais, signe distinctif des habitants qui avaient un jour peuplé cette zone, mais ses yeux bleus montraient qu’il venait d’ailleurs. Cependant, l’effondrement progressif des États et des sociétés avait libéré la majorité des gens des discriminations. C’était une situation bien ridicule.
“Tu ne voudrais pas rester à la maison, au lieu d’aller faire des trucs stupides ?”
Jaehui méprisait au plus haut point ces ordures qui étaient toujours en quête de pouvoir, même dans un monde en ruine. Il les surnommait “les tarés”, même s’il n’était pas très différent. Car si ce monde finissait par ne grouiller que de fous, Jaehui et son grand frère seraient à leur tête. Jaehui, pour se moquer de son frère, à qui il ressemblait comme deux gouttes d’eau, lui envoya un bisou avant de lui faire un doigt d’honneur. Bien que ce soit son frère aîné, dans une telle société, il n’était rien de plus qu’un obstacle à dépasser pour grimper les échelons de ce nouvel univers.
“Ouais, ça, par exemple.”
“Occupe-toi de tes affaires. Qu’est-ce que ça peut te faire, après tout ?” lui rétorqua Jaehui.
“Bah… T’es quand même en train de mettre un sacré bazar dans notre organisation.”
“Si c’était vraiment de ma faute, l’organisation serait déjà tombée depuis des lustres.”
Jaeyun, le grand frère de Jaehui, fixa son petit frère de ses grands yeux.
Ce que tu me fais peur, songea Jaeyun en feignant sa frayeur tout en levant les mains en l’air.
Son petit frère était une arme à double tranchant. Il en était même une excellente, à condition qu’on s’en serve bien, mais à la moindre occasion, il se transformait en bourreau et pouvait même se retourner contre lui. Il lui causait souvent des problèmes. Jaeyun pensait parfois que si Jaehui n’était pas son frère, il l’aurait déjà tué depuis bien longtemps. Il claqua la langue.
Si l’on devait nommer les deux plus grandes organisations criminelles de Seohan, tout le monde parlerait, sans aucune hésitation, de Cheongwi et Banwol. Cheongwi touchait à tout ce qui était dangereux et illégal, tandis que Banwol dominait les marchés de la drogue et les trafics d’êtres humains. On avait beau dire que Seohan vivait grâce à ces deux organisations, ce n’était pas vraiment le cas.
Jaeyun était le nouveau chef de Banwol. Autrefois, cette organisation était considérée comme une entreprise familiale, puisque son bras droit était son frère. Jaehui l’épaulait dans ses descentes dans les endroits les plus fréquentés par des enflures. Mais à y regarder de plus près, ce fameux bras droit était devenu sa plus grosse menace et cette organisation avait des airs de famille brisée.
En d’autres termes, Jaehui était fort au point de pouvoir renverser cette organisation et pouvait trahir son grand frère à la moindre occasion.
À la différence de l’organisation Banwol, Cheongwi, dont Jeon Taehyeon était le boss, était réputée pour sa hiérarchie parfaite et ferme. Ses membres bougeaient toujours ensemble et même s’ils étaient cruels, ils traitaient bien leurs subalternes. Bien que ce ne soit que pour feindre d’avoir un cœur. Leur structure interne les soudait, rendant les infiltrations bien difficiles.
“Espèce de vieux débris !” lâcha Jaehui sur un ton sarcastique dès que son frère sortit en claquant la porte.
Il s’allongea sur le canapé. Il venait tout juste de rentrer de son escapade durant laquelle il avait distribué une toute nouvelle drogue, confectionnée par ses soins, aux bas échelons de Cheongwi. Si la chance lui souriait, ils rejetteraient la faute sur Banwol et son frère devrait se confronter à Cheongwi. Ou ils leur couperaient les mains et les orteils. Dans les deux cas, Jaehui n’était pas perdant.
“Si Cheongwi et mon frère pouvaient tomber…” lâcha Jaehui.
Les subalternes qui se trouvaient derrière lui firent comme s’ils n’avaient rien entendu. Les querelles entre les frères Yeom étaient fréquentes. Jaeyun avait dû lui coller aux basques des gens aussi muets qu’une tombe, à cause de son côté bourreau. Et c’était ce qui rendait la vie de Jaehui bien plus morne.
“Vous dites rien, même quand je lâche que je veux tuer votre chef. Pourquoi, hein ? Je peux pas compter sur l’un de vous… Vous aimeriez qu’il meure ?” leur demanda-t-il.
“Non, Monsieur.”
“Vous avez une bouche, mais vous savez jamais vous en servir.”
Jaehui déversa sa colère pour rien sur les sous-fifres qui le surveillaient, puis se leva.
Qu’est-ce que je m’ennuie…
Il allait falloir attendre un peu avant que la graine, plantée dans Cheongwi, ne porte ses fruits. Ce n’était pas l’envie qui lui manquait de mettre le bazar dans Banwol, mais ce n’est pas comme si son rôle le lui permettait. Après tout, cette organisation deviendrait sienne s’il le décidait.
De plus, il savait bien qu’il était nécessaire que Banwol n’ait aucun problème pour qu’il conserve son pouvoir. Cela ne servait à rien de reprendre la tête d’une organisation brisée. Jaehui haussa les épaules et s’habilla prestement.
“Où allez-vous ?”
“Quelque part. Et que personne ne me suive” aboya Jaehui.
“Mais…”
“Vous aussi, vous voulez mourir ? Ah, non, tu préfères qu’on couche ensemble, peut-être ?” ricana Jaehui.
Le sourire aux lèvres, il se rapprocha du subalterne qui se tenait derrière lui, jusqu’à être nez à nez. Le joli visage de ce dernier s’empourpra... à tel point que Jaehui imagina sa main virer au rouge s’il lui caressait la joue.
Yeom Jaehui savait utiliser son corps de bien des manières. En plus d’être fort, il était flexible et rapide pour un homme d’environ un mètre quatre-vingt-cinq. Dès que l’occasion se présentait, il se joignait toujours aux combats de Banwol. Ses longs cheveux détachés et en bataille, son corps recouvert de sang et son sourire lui avaient valu d’être considéré comme un vampire.
Il y avait un autre domaine où il utilisait bien son corps. Jaehui agissait comme si la vie n’était synonyme que de jouissances et de bagarres, il ne fréquentait donc que des hommes. S’il n’avait pas été traité de prostitué jusqu’à présent, c’était parce qu’il ne partageait jamais deux fois un lit avec la même personne, lui qui maîtrisait à merveille les attributs qu’il possédait devant et derrière. Sa philosophie était de croire qu’en tant que chef des fous, il devait se comporter de la sorte.
“N… Non.”
“Je m’en doutais. Si on passait la nuit ensemble, que penses-tu qu’il arriverait à l’honneur de mon frère ?” lui répondit Jaehui tout en lui déposant un bisou sur la joue.
Le voir rougir le fit bien rire. Néanmoins, il n’avait aucune envie de faire quoi que ce soit avec les subalternes de son frère. Ou plus précisément, ils n’étaient pas son style. Quand il prenait un homme dans ses bras, en bon dominant, son partenaire ne devait pas être musclé, mais faible et, dans le cas contraire, il devait avoir une bonne constitution et être bien musclé.
Son frère l’exécuterait s’il apprenait que le subalterne en face de lui lui avait ouvert son cœur. Auquel cas, Jaehui souhaitait creuser lui-même cette tombe. S’il y avait bien quelque chose qu’il aimait autant que le sexe, c’était tuer les gens.
Ces imbéciles étaient restés plantés dans la maison et ne l’avaient pas suivi. Son frère les battrait plus tard à coup sûr. Pouvait-on dire que Jaehui s’était montré cruel d’avoir refusé qu’ils le suivent alors qu’il savait ce qui leur arriverait ? Il se fichait éperdument d’être qualifié de la sorte, puisqu’il n’y avait pas de meilleur compliment dans le monde actuel.
Tout en fredonnant, Jaehui quitta la demeure. Il savait pourtant que même si les types à l’intérieur n’allaient pas le suivre, d’autres s’en chargeraient. De toute manière, le prendre en filature était inutile parce qu’il arriverait, dans tous les cas, à les semer. Son grand frère ne s’était pourtant jamais lassé de la situation et lui envoyait toujours des hommes à ses trousses. Jaeyun ne savait-il pas qu’il ne faisait que raccourcir sa vie ?
Jaehui était persuadé qu’il gagnerait contre son frère s’ils devaient s’affronter. Mais le tuer ferait de lui le nouveau boss de Banwol. Et comme cela l’embêtait plus qu’autre chose, il avait décidé d’épargner son frère. D’un pas sûr, Jaehui s’engouffra dans une ruelle sombre.